C’est l’histoire d’une piqûre impossible

Alice, 11ans, vient me voir parce qu’elle refuse d’aller faire une prise de sang.- Pourtant c’est important insiste la maman, mais rien n’y fait, elle se met dans des crises pas possible dés qu’on lui en parle, je sais plus quoi faire ! Tout ce que je sais c’est que cette prise de sang est importante et que je finirais par lui faire faire !

– Tu vas quand-même pas m’attacher ? lance Alice dont le regard est devenu noir

– C’est pour ton bien Alice ! Tu le sais, je t’ai expliqué !

– Je sais mais c’est plus fort que moi ! J’irais pas ! Plus jamais !

– Alice je ne pense pas que ta maman veille t’attacher et traverser toute la ville en te trainant comme un vieux colis (parfois l’humour ça désamorce 😉). Je te propose qu’on l’écoute et qu’ensuite nous passions un temps ensemble toi et moi pour démêler tout ça.
Je me tourne vers la maman qui m’explique qu’Alice a démarré la vie sur les chapeaux de roue avec quelques soucis de santé qui ont nécessité une hospitalisation en néonat’ et plusieurs opérations. Qu’Alice est une battante qui a du caractère et que c’est ce qui l’a sauvé. Que tout allait bien depuis et que plus personne n’a eu à retourner à l’hôpital depuis. Oui mais voilà, à l’arrivée de la puberté Alice devait refaire une batterie de test en commençant par la prise de sang et Alice de rajouter
« Ils peuvent faire tous les examens qui veulent mais pas la prise de sang ! »
Je demande à la maman si elle a quelque chose à rajouter qui lui semble important, me répond que non et je la raccompagne dans la salle d’attente.
Me voilà seule avec Alice qui ne décolère pas. « Personne ne me rentrera une aiguille dans le bras ! cette fois-ci j’ai le choix ! ». Je lui demande si elle se souvient de quelque chose de cette période, elle me regarde d’un air dédaigneux en me lançant un « allo ! j’avais juste quelques heures je vous rappelle ! » Je lui explique que si elle ne s’en souvient pas, ses cellules, son corps, son cerveau s’en souviennent à n’en pas douter. Je lui raconte les empreintes émotionnelles stockées dans le cerveau limbique, la loi morcellaire du cerveau…. Elle semble absorbée par ce que je lui dis. Je lui propose un jeu « faire comme si elle se souvenait… ». Elle fait la moue. (11 ans Sylvie, va en falloir un peu plus pour la cueillir…) Je prends 1 feuille et commence à dessiner.

– Bon imaginons cet hopital… A quoi il pourrait ressembler ?

– Facile ! C’est celui de Nice, Maman me l’a déjà montré, il a plein de vitres.

– Ah, tu veux le dessiner toi alors ?
Je lui tends la feuille mais elle décline

– Non j’suis nulle en dessin

– Oh ben avec moi tu vas être servie
Je campe donc un gros rectangle sur la feuille en prenant soin de valider avec elle les proportions. Bon et maintenant imaginons… où met-on la chambre ?

– Là ici avec la vue sur la mer

– Ah il y a la mer ?

– Oui juste en face

– Ok donc voilà sa chambre

– Non c’est pas juste sa chambre, y a plein d’autres enfants

– Comme ça ?

– Non, attends je vais le faire
Et voilà Alice qui dessine la pièce avec « tous les bébés et toutes les machines et tous les gens », voyant que le dessin ne suffirait pas je lui propose une autre feuille sur lequel nous ne ferons que la pièce. Elle accepte et se remet à faire la pièce avec « tous les bébés et toutes les machines et tous les gens et Alice ici prés de la fenêtre ».
Tout à coup elle s’exaspère et saisit une autre feuille « attends je vais dessiner que le coin d’Alice, là j’ai pas la place de dessiner tous les appareils ». Je laisse faire.

Elle ne m’entend plus tout à fait, elle est plongée dans son dessin, elle prend un soin méticuleux à faire chaque détail, efface, corrige… puis elle s’arrête net et plante ses yeux dans les miens…- je crois qu’Alice elle est terrorisée

– et ça fait comment dans son corps ?

– elle bouge plus

– tu veux bien qu’on l’aide ?

– oui ce serait bien
Démarre alors la séance avec les techniques de déprogrammation d’empreintes post-traumatique

– Ah elle rebouge !

– Cool ! Et maintenant qu’est-ce qu’il reste ?

– Euhhh y a un truc bizarre

– C’est-à-dire ?

– …

– Tu sais ici on peut tout dire même les trucs qui semblent bizarre, parfois notre cerveau est un peu farceur et utilise des métaphores étranges pour nous parler. Un jour y a une dame pendant sa séance elle avait un petit gnome qui s’était pointé
Alice rigole

– Ben en fait elle bouge oui mais à l’intérieur d’elle c’est comme si y avait un grand grand cri qui pouvait pas sortir.

– Ah et il ressemble à quoi ?

– Tu sais comme les AHHHHHH des BD mais au lieu que ce soit dans une bulle c’est dans sa tête et son corps. C’est chelou !

– Et ce Ahhhhhh il est grand comment ? il est écrit en couleur ? en noir ? il est gluant, dur, mou ?…. Ok maintenant tu prends images et sensations qui vont avec ce AHHHHHH, tu inspires, tu amènes tout ça au dessus de la tête de bébé et tu descends tout ça à ses pieds (j’accompagne mes mots du geste et Alice suit mon doigt du regard)

– ….

– Et maintenant qu’est-ce qu’il reste ?

– Rien

– C’est-à-dire ?

– Ben juste bébé qui bouge. Ah non ! Attends ! Y a son bras qui lui tire !

– Où ?

– Là ! Regarde ! Où y a le fil ! En vrai elle a mal comme ça a plein d’endroit !

– Ok on va l’aider comme on a déjà fait tout à l’heure. On se concentre sur ses sensations……
S’en suit une série de techniques pour libérer les empreintes (pincement de la peau, sparadrap, piqûre…) Là Alice saisit sa main et me dit

– Raaaaa ça me fait mal jusque dans mes os !

– Pourtant toi, ici, tu n’as plus de piqûre. Tu vois que ton corps se souvient.
Nous traitons et repartons sur le dessin. On y croisa une immense colère de Bébé impuissant quand on le pique et que personne n’entend, une douleur immense et tellement grande que bébé se barre voir la vue par la fenêtre pendant que l’infirmière s’acharne sur son ptit corps…et toujours cette immense colère… Alice saisit un feutre et marque en gros en travers de la feuille : « jamais, plus jamais !!!!!!! ». Je lui demande d’où ça vient et elle me dit avec aplomb « je me le suis promis quand je regardais la mer ! ». Je lui explique que nous appelons ça des « contrats », c’est des engagements qu’on passe avec nous-même et qu’ils sont gardés par notre cerveau tel un geôlier, que si on veut on peut toujours les récupérer mais que tant qu’on lui laisse lui va faire en sorte qu’on le respecte. C’est pour ça que, même si elle savait qui lui fallait faire sa prise de sang et que c’était pour son bien, elle refusait de la faire et se mettait dans une sombre colère. Je lui demandais ce qu’elle souhaitait faire. Elle avait le choix. Elle sembla peser le pour et le contre quelques minutes puis me répondit : « on va récupérer ce contrat ! au moins j’irait faire cette fichue prise de sang et ma mère me foutra la paix ! ». Nous avons donc utilisé les techniques appropriées, fait quelques réajustements à droite, à gauche (odeur de produits, lumière intense…) et nous avons pu travailler sur cette fameuse prise de sang à venir grace aux techniques prospectives (régulation émotionnelle, respiration, visualisation…) Tout été en place. Alice choisit de jeter les dessins, nous nous sommes dit au revoir, elle alla chercher sa maman et s’installa dans la salle d’attente pendant que je débriefais avec sa mère, lui expliquant rapidement ce qui avait été traité et surtout les ressources que nous avions mises en place (techniques de régulation émotionnelle, respiration, la vue mer qui lui fait du bien et aussi elle assise au pied de son arbre dans le jardin…), elle avait juste à être prés d’elle, à lui tenir la main et à respirer lentement à ses côtés (Alice naturellement se synchronisera avec elle) et si besoin à lui rappeler la vue mer, les oiseaux, le bruit des vagues….

La maman me remercia et je lui souhaitai une bonne continuation. Elle reprit rdv quelques temps plus tard mais cette fois-ci pour elle. Ce rdv l’avait faite cogiter et elle sentait bien qu’elle était encore facilement à fleur de peau quand on lui parlait de cette période, surtout quand elle a du retourner pour tous ces examens, c’était d’autant plus flagrant que Alice, elle, avait l’air plus détendue qu’elle ! Mais ça c’est une autre histoire…

Délicieuse journée jolis vous

Sylvie

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sylviethaon.com

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