
Ah ouiiiii celle-ci j’ai adoré ! Faut que je vous raconte ! Elle m’a tellement émue.
C’est une dame que je reçois. 83 ans à l’époque. Nous l’appellerons Monique.
Bref elle vient sur les conseils de sa fille. Je la reçois et elle m’explique qu’elle n’a pas fait le deuil de son mari, qu’il est toujours là dans son cœur, qu’elle est toujours triste quand elle voit des photos de lui et que c’est dur la vie sans lui. Je lui demande depuis combien de temps il est décédé et elle me dit avec un aplomb rempli de tristesse- 40 ans rendez-vous compte ! 40 ans et il me manque toujours comme aux premiers jours !
– 40 ans et vous n’avez plus jamais eu d’amoureux ?
– Ah ben non ! Impossible ! Oh j’dis pas qu’il y en a pas qui me sont pas tourné autour, j’étais une jolie fille à l’époque vous savez, mais moi c’était pas possible, j’aurai eu l’impression de tromper mon Jeannot
– Mais si ça fait 40 ans que c’est comme ça, qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui vous veniez me voir ?
– Ben parce que j’en ai marre pardi !
– Marre de quoi ?
– Marre d’être tout le temps triste
– Et comment voulez-vous vous sentir ?
– Joyeuse ! J’ai envie de pouvoir rire, profiter de la vie sans tout le temps penser à mon Jeannot, c’est assez maintenant. Et puis vous savez je sais bien que je vais le rejoindre bientôt alors autant profiter un peu avant de le revoir
– Logique en effet, rétorquais-je en souriant
-J’ai même une copine qui m’a dit de m’inscrire sur un site pour faire des rencontres mais je crois pas que ça m’interresse, là-dessus ils veulent tous la bagatelle. D’ailleurs ma copine elle a des astuces pour repérer ceux qui veulent que la bagatelle
-Ah bon ? Ca m’intéresse dites-moi !
Et la voilà à me prodiguer les conseils de ladite copine qui, soit dit en passant, à 81 ans… bien qu’elle n’est marqué que 76 ans sur sa fiche, mais il parait que « passer les 80, ça fait moins vendeur pour ces dames»
-Ben voyons ! Décidément on en finit donc jamais avec les préjugés
Nous rigolons quelques minutes encore autour des aventures de l’amie.
-Finalement rien que de l’entendre me raconter ses aventures m’amuse, peut être j’accepterai juste un café mais surtout surtout, comme elle dit ma copine, dans un café que je connais et je le préviens que j’ai un rdv juste après, comme ça si je m’ennuie j’ai déjà une excuse et si c’est bien je dis que je vais annuler mon rdv.
-Ben vous avez quand même bien avancé votre réflexion dites donc !
-Ohhh vous savez les journées sont longues et on s’amuse bien avec ma copine, on rigole quand on pense à tout ça
-Ah ben finalement y a des moments où vous riez, et ça fait comment dans votre corps dans ces moments là ? Quand vous riez et que vous vous sentez joyeuse ?
-Ca pétille et j’ai l’impression d’avoir 15ans ! On rigole comme deux gamines qui en plus n’ont plus aucun compte à rendre : ni aux parents qui sont plus là, ni aux maris et même pas aux enfants même si eux ils aiment parfois un peu trop se mêler !
-Ok vous allez vous concentrer sur ces sensations dans votre corps, sur ces bulles qui pétillent, sur cette joie… vous inspirez profondément ces sensations, vous montez les yeux au dessus de la tête et vous venez réinstaller ses sensations dans tout votre corps, elles prennent de plus en plus de place, comme si toutes ces bulles venaient faire pétiller tout votre corps, jusqu’au bout des doigts, jusqu’au bout de pieds…
-Hiiii c’est rigolo ! On dirait que ça fait comme une bouteille de champagne dans mon corps !
-Alors à vot’santé ! Maintenant que vous avez en vous toute cette joie, je vais vous proposer que nous allions nous occuper de la tristesse, vous êtes d’accord ?
-Ah ben j’suis venue là pour ça !
-Ok, alors vous allez imaginer un écran devant vous et sur cet écran vous y mettez votre Jeannot.
Sa mine se renfrogne.
-Ok, qu’est-ce que vous ressentez, vous, ici quand vous voyez Jeannot ?
-En vrai ?
-Oui comment ça fait dans votre corps quand vous le voyez sur cet écran ?
-Ben il m’énerve ! J’suis en colère en vrai !
-…
-Ça fait 40 ans qu’il est parti ! 40 ans qu’il m’a laissée seul avec les enfants ! Il m’avait promis d’arrêter de fumer ! Ça c’était à son deuxième cancer, il m’avait promis et vous savez quoi ? Et ben quand il est mort et que j’ai rangé ses affaires j’ai trouvé une boîte cachée avec ses cigarettes !!!! Il en a rien eu à faire que je me retrouve avec 3 enfants en bas âge ! Le pire c’est qu’en plus j’ai dû quitter le logement de fonction ! Tu crois qu’ils m’auraient laissé le temps de me retourner ? Penses-tu ! « Madame on est désolé mais on a besoin du logement pour le successeur de votre époux ». Son cercueil était encore chaud ! J’ai du tout faire seule ! Et lui il est parti ! Je me suis retrouvée seule à 43 ans avec 3 enfants dont la plus petite n’avait que 4 ans ! Il m’avait promis de prendre soin de nous ! Tu parles ! Il a même pas été foutu d’arrêter de fumer, il a fallut qu’il continue en cachette !
Les vannes étaient ouvertes, enfin. Elle pouvait enfin exprimer sa détresse, sa solitude profonde et sa colère
-Et vous savez le pire ?
-Dites-moi
-J’ai même pas pu le disputer de vive voix ! Une bonne dispute et ça repartait mais là il m’a même volé ma dispute
Je lui propose un exercice. Je dispose une chaise en face d’elle et lui dis « voilà Jennot est là, il vous écoute ». Elle me regarde, regarde la chaise.
-Vous voulez que je lui dise quoi ?
-Tout ce que vous voulez lui dire
Elle démarre timidement en me parlant moitié à lui, moitié à moi. Je lui dis
-Faites comme s’il était là, parlez-lui directement en le tutoyant
Elle lance une première salve, je lui demande si elle a quelque chose à rajouter, elle me répond non. Je l’invite à continuer le jeu, à se lever et à maintenant s’assoir à la place de Jeannot, je pose ma main sur son épaule et lui dit « Et vous Jeannot qu’avez-vous à lui répondre ?»
Elle me regarde interloquée. Je repose la question.
-Ah ben ça je suis sûr qu’il ferait une moue toute penaude en disant qu’il est désolé
-Ok, faisons comme si c’est lui qui parlait à Monique
Elle prend un air contrit et dis entre ses dents « j’suis désolé ». Je lui demande si il a quelque chose à rajouter, elle me répond non. Et nous continuons quelques minutes les vas et viens entre les deux chaises jusqu’à ce que la discussion soit clause pour les deux protagonistes.
Nous retournons ensuite sur l’écran et sur le Jeannot « planté là à attendre ». S’en suit un travail de deuil avec les techniques GTSConcept. Nous terminons par un exercice de pont vers le futur, d’habitude on met « à 6mois, à 1 an, à 5 ans, à 10ans… » là je revois mes échéances à un mois, à 6 mois, à 1 an, en terminant par un « et encore bien après » assez vague pour qu’elle imagine ce qu’elle veut. En fin d’exercice je lui demande comment elle voit son avenir et elle me répond tout sourire : « mon avenir ? radieux ! ». J’ai pas osé lui demander jusqu’où elle avait vu 😊 On est resté focus sur les sensations et on est allé installer tout ce bel avenir pétillant au plus profond d’elle, dans toutes ces cellules, dans tout son corps, jusqu’au bout des pieds, jusqu’au bout de doigts….
Délicieuse journée jolis vous
Sylvie
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sylviethaon.com
Précision : les cas ici contés sont simplement inspirés de plusieurs personnes, ce n’est jamais l’histoire unique d’une personne, secret professionnel et respect oblige 😁. Les situations, dates, noms, pathologies et lieux ont été modifiés
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